Aujourd’hui, il y avait autant de chances de marcher au soleil que de voir la main de ma sœur dans la culotte d’un zouave. C’est cette expression qui m’est revenue car j’étais tout émoustillée entre le souvenir des zouaves, des turcos et autres étalons exotiques auxquels on a rendu hommage. Et je peux te dire qu’il n’y a pas non plus de main de zouave dans ma c… OK, d’accord, laisse tomber, je t’explique.
Nous arrivâmes à Woerth dans la fraîcheur matinale, enfin carrément le froid quoi, et traversâmes cette petite bourgade entre son château et son lavoir, sur les traces du Petit Lucas. Un personnage de conte, de légende ? Bref, un garçon qui vivait tranquille à Woerth et qui en 1870 a fui son village en flammes pour trouver refuge dans l’église de Froeschwiller, tout en croisant des régiments, des bataillons, des escadrons, bref que des gens pas forcément les mieux intentionnés.
Cent-cinquante ans plus tard, on l’a suivi sur le chemin de mémoire de la bataille de Froeschwiller-Woerth, plus connue sous le nom de bataille de Reichshoffen, où Mac Mahon dut s’incliner devant l’armée prussienne. Et c’est là que… Tu dis ? Pourquoi alors ça s’appelle la bataille de Reichshoffen ? Mais qu’est-ce tu veux que j’en susse, moi ? Encore tombée sur un intellectuel, moi. Et c’est quoi le nom de cette fleur, et pourquoi une vache ça meugle, et c’est qui qui ? Après on me reproche que mes articles sont trop longs mais je suis tout le temps interrompue.
Alors ça s’appelle comme ça parce que Big Mac en question a envoyé à ses chefs un télégramme pour leur annoncer la branlée qu’il venait de prendre, depuis la gare de Reichshoffen. Voilà ! Content ? Je peux continuer ?
Donc dans le secteur, c’est calvaires, croix, tombes, monuments, ça force le respect. J’ai grimpé sur le belvédère dominant Woerth et Froeschwiller (mais pas Reichshoffen sinon il aurait fallu déplacer la ville, voilà, ça t’évitera des questions). Du mal à croire que ces prés dans la brume, ces villages tranquilles, tout ça était incendie et canardage ! A l’époque, paraît que ça faisait un peu l’inspecteur Harry qui aurait rencontré Terminator et dérangeant par là Godzilla en train de boulotter le requin des Dents de la Mer. Bref, une boucherie sans nom, des vies sacrifiées, la guerre qui comme toujours, n’est pas belle.
Et c’est là que je tombe sur le monument aux Zouaves et aux Turcos. Instantanément, mon imagination hormonale s’enflamma telle une allumette qui attendait d’être frottée, pareille à un briquet qui ne rêvait que d’être vidé. Les zouaves sont donc des fantassins africains venus renforcer l’armée française du 19ème siècle jusqu’à la fin des années 1950. Je te rassure quant à la main de ma sœur qui n’a jamais frôlé un sarouel de zouave, contrairement à celle de mon frère Kévinou-Gérard qui a tenté sa chance mais s’est retrouvé à la fois plâtré et complexé.
Quant aux Turcos, eh bien ce sont les tirailleurs algériens qui sont intervenus dans les mêmes conditions. Ils n’étaient pas plus turcs que moi bénédictine ; c’est encore un coup des Russes. Non, pas Vlad, c’était bien avant. Pendant la Guerre de Crimée, dans les années 1850, les Russes avaient pris lesdits tirailleurs pour des Turcs. Ils n’avaient pourtant pas des têtes de Turcs (celle-là je te l’offre !).
Après avoir laissé le Petit Lucas devenu grand partir pour le Brésil, nous retournâmes à Woerth pour flâner au marché de Noël de Woerth et prendre un vin chaud.
Karina-Iris

















































