Chaussée, équipée, maquillée, coiffée, me voilà à Wissembourg pour découvrir la ville différemment, emmenée par Yogi qui, au Stichaner, nous a ouvert la porte du temps. Arbre transformé en bibliothèque et en horloge. Et arrivée au Geisberg, me voilà admirative, béate, coite, à profiter de la vue. Et surprise, la bonne du curé déhanchée sur la chanson d’Annie Cordy nous a servis l’apéro ! Après coite, j’étais cuite, la cervelle dans la ouate, ouate else ? Pourtant l’éléphant rouge, il existe ! Ben tiens, regarde les photos !
Puis nous descendîmes à travers champs vers Altenstadt, où nous admîrames l’église romane Saint-Ulrich du 12ème siècle ; nous restâmes sans voix dans la nef en pierre brute et le buffet de l’orgue, puis nous nous régalâmes d’un autre buffet, proposé celui-ci par la Princesse et le Prince à l’ancien lavoir. L’entrée était servie sur un air de Vivaldi ! Sans rames nous nous mîrames dans la Lauter, pour pas un diram ! C’est là que nous apprîmes que les agapes n’étaient point terminées puisque… Si, si, c’est un nom féminin donc je conjugue au féminin. Commence pas, hein, on vient juste de terminer le hors d’œuvre. Parce que oui, à peine remise en selle, enfin en marche approximative plutôt, voilà que je reconnais la Soupe aux Choux. Non pas le menu, encore moins la symphonie gazeuse caractérisant le film, mais sa musique, genre bourrée auvergnate après laquelle on allait d’ailleurs se bourrer de Spätzle, de ragoût et de vin, sans pour autant finir bourrés. Quoi que… Oui ben relis, faut suivre, mon canard ! Certains se sont aventurés dans une sieste, d’autres ont courageusement repris une portion et là… là il a fallu se lever. Je me souvenais même pas que j’étais assise, c’est te dire, alors j’ai commencé à avancer avec la chaise collée à l’arrière-train, pleine d’entrain et en train de vider mon verre de rouge. Restait sept kilomètres à parcourir…
Un pied devant l’autre, parfois un pas de travers, voilà que je reconnais le quartier et le lavoir de la Bruch. Réalisant ainsi qu’on s’éloignait sans crier gare de la gare où nous étions garés. Et tout à coup est arrivée la Spitzmüs, la musaraigne, avec son panier de fromages et bien sûr le pinard qui va bien. C’est au fromage que le coin est devenu une discothèque improvisée, avec la Spitzmüs et ses fans dansant sur les remparts de la ville. Je connais des touristes qu’en reviennent toujours pas mais qui reviendront sûrement. Au-delà de la porte du temps, il se passe vraiment des drôles de choses… Je pensais avoir survécu à toutes ces épreuves quand on m’a annoncé qu’on allait vers Stanislas. Du nom de… accroche-toi on décolle : Stanislas Leszczynski, roi polonais avare de voyelles et déchu, réfugié à Wissembourg vers 1720.
Le temps que j’essaie de prononcer son nom (essaie donc, avec trois grammes dans chaque mâchoire), un coup de feu m’a sortie de ma torpeur dominicale (oh, joli, ça !). Un attentat ? Serais-je enlevée par quelques bandits de grand chemin (enfin de petit sentier plutôt) qui feraient de moi leur… re-boum ! ah là ça devenait plus concret avec des cotillons explosant de partout et l’inévitable « joyeux anniversaire » chanté à tue-tête, hurlé avec passion… Avalanche de tartes, déluge de chocolat, le crémant qui gicle, les bulles qui explosent, les papilles qui pétillent, c’était la fête à la calorie, l’orgie des mandibules, l’implosion stomacale… Ha oui tu penses bien avec nos organisateurs, on n’allait pas couper au dessert !
Un gramme de plus et j’ai repassé dans l’autre sens la porte du temps pour me retrouver sans plus d’entrain à la gare… Quelle journée !
Alors moi je sais pas mais soit c’était en fait une marche gourmande, soit c’était drôlement bien imité ! Quoi qu’il en soit, je remercie Jean-Luc, Chipie, Robert, Gérald et Anita pour leur organisation parfaite, les succulentes surprises gastronomiques et ces inoubliables moments de convivialité franco-allemande avec Alsarando et Uferlos.
Karina-Iris


























































