Nous initiâmes la journée par une étude comparative de l’élégance masculine et féminine entre les années 1970 et les années 2020, au travers des toilettes publiques. Sur les mêmes, oui, à deux mètres d’intervalle et c’était avant l’apéro ! Ben regarde les « pics » (j’me modernise) et on en recausera.
Thème du jour : ne pas confondre les Von Trapps, avec le Hans Trapp. Pas la même famille, les premiers sont dans la musique, le deuxième fait dans le terrorisme hivernal. C’est en effet le Père Fouettard dont le château se trouve d’ailleurs à quelque encâblures, donc plus ou moins pas loin, de Wissembourg.
Quand j’étais petite, il pensait m’impressionner en débarquant le 24 décembre au soir, puant déjà le schnaps, avec un grand « hohohohoho, il faut me promettre d’être bien sage sinon je t’embarque dans mon grand sac où ton frère se trouve déjà »… Croyait me la faire, à moi ? Comme si je savais pas que mon Kévinou-Gérard venait d’éplucher trois bananes et d’en poser la peau devant la porte d’entrée pour faciliter la sortie du monstre et l’observer depuis la cave !
Puis moi tu vois, ce mec tout en noir, barbu dru, ce qui augurait d’une pilosité intéressante, avec son grand sac où il devait s’en passer de belles, avec sa grosse voix, ses menottes, ses chaînes, ben moi ça m’excitait, cette affaire. Quand je lui ai logiquement demandé de m’emmener, c’est lui qui a eu peur, d’ailleurs on l’a jamais revu et on a passé les Noël suivants tranquilles ! Moi on m’a emmenée chez un psy qui a parlé d’une précocité embarrassante mais pas alarmante. On m’y a re-emmenée quand l’année suivante pour Noël, j’ai demandé pourquoi il n’y avait pas de rayon SM dans le catalogue de la Redoute, juste après les Légo et les poupées. Enfin surtout ce qu’il faut retenir, c’est que je n’ai jamais eu à promettre d’être sage.
Pourquoi je te parle de ça ? Ah oui, la balade d’aujourd’hui ! Wissembourg puis les vignes (c’était prévu), la pluie (c’était pas prévu), et à un moment donné on a dû passer la frontière car on était en Allemagne, dans le Palatinat. C’est quand le soleil est sorti que nous on est entrés dans le restaurant !
Ah ces Germains ! Ils savent te remplir l’assiette pour pas très cher. Schnitzel sous toutes leurs formes, de la bière dans un vrai verre, donc 50 cl minimum, pas des verres de p… de… enfin pour adultes, quoi. Y’avait même de la forêt-noire, le biscuit avec davantage d’étages qu’un immeuble newyorkais. C’est pas de la cuisine chichiteuse où t’as une demi-carotte autour d’un dé de viande sous une feuille de persil, non, c’est de la vraie nourriture qui te cale les tripes en attendant Noël. Et ça mon canard, ça fait du bien ! Et figure-toi qu’à Schweigen, ils ont exaucé mon rêve : un distributeur de vin ! Tu mets une pièce, enfin ta CB, t’as la bouteille et les verres qui arrivent… vois la photo !
Revenus à pied à Wissembourg, on t’a visité une de ces expos incroyables avec des crèches de toutes sortes, et une collection d’anges qu’il y en a plus au mètre carré qu’en Corse (où comme tu l’ignores sans doute, un mec sur deux s’appelle Ange, fût-il un beau diable).
Puis nous vécûmes le clou de la journée. Une touriste plantureuse qui masquait le défilé de Hans Trapp en brandissant son téléphone pour filmer, un mioche sur les épaules paternelles qui m’empêchait de voir le numéro des cracheurs de feu, et une foule dense, piétinante et cigaretteuse qui m’a fait fuir le feu d’artifice d’hiver, me permettant ainsi de siroter peinarde mon vin chaud. En tous les cas, ça a l’air beau, le truc, c’est original et plein de lumières. Je t’ai chopé une photo sur la toile pour te montrer.
Karina-Iris



































