Chemin de la Mémoire

Dimanche 24 avril, Journée Nationale du Souvenir des Victimes et des Héros de la Déportation, une randonnée particulière nous attendait sur 12,5 km et presque 500 mètres de dénivelé. En effet, nous l’avons débutée à la gare de Rothau, point d’arrivée de dizaines de milliers de déportés entre 1941 et 1944. Les premiers étaient des prisonniers politiques allemands chargés de construire une monstruosité. Eux et nous sommes montés à travers le village, à la différence qu’aujourd’hui, les gens avaient le droit de nous croiser et de garder leurs volets ouverts. Avec sa pente rude à 20%, le chemin forestier nous a permis de gagner, sous une petite pluie et dans une légère brume évoquant Nuit et Brouillard (une catégorie de déportés politiques et un système visant à les faire disparaître rapidement), la chambre à gaz qui servait aux expériences pseudo-médicales de la Faculté de Médecine de Strasbourg.

Ensuite, un peu plus haut, ce fut le camp de concentration du Struthof, symbole de l’efficacité inhumaine des nazis pour détruire des hommes, leurs âmes, leurs corps, avant de les faire littéralement mourir par le travail. Avec vingt-deux-milles morts, soit 40 % des effectifs totaux du camp, celui-ci fut le plus meurtrier après Mauthausen.

Après une visite guidée et un déjeuner pris au chaud dans le très beau et sobre bâtiment d’accueil, nous avons rejoint le parking du départ et nous sommes rendus à Schirmeck pour voir le peu de traces qui restent du camp de sûreté où beaucoup d’Alsaciens et de Mosellans ont été « rééduqués ». Même moins meurtrier que le camp précédent, celui de Schirmeck, un peu oublié de l’Histoire, a été un lieu de grandes souffrances sous divers prétextes.

L’une de ces personnes était plus présent en ce jour de commémoration de la Déportation. Le souvenir de Pierre Seel (1823-2005) nous habitait, premier déporté triangle rose à en avoir parlé, et à avoir écrit un livre au sujet des quelques deux-cents Alsaciens et Mosellans qui ont rejoint les cent-mille Allemands, homosexuels déportés pour cette simple raison. Une goutte d’eau dans la barbarie nazie, mais une goutte d’eau longtemps passée sous silence.

Pierre, et ses soutiens de l' »Association des Oublié-e-s de la Mémoire » ont livré un long combat pour leur donner une voix, un souvenir.

A nous de ne rien oublier

Texte : JL

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