Pour le retour de notre sortie culturelle, on a choisi l’automne. Nous flânâmes (aussi bizarre que le « vous flânâtes ») dans les rues de Strasbourg, le nez en l’air. Enfin plutôt une narine et un œil en l’air, et l’autre narine et l’autre œil sur le trottoir vu le terrain miné sur lequel nous évoluâmes. Je fais allusion aux égarements canins qui font qu’un teckel modèle de base peut t’envoyer à l’hosto aussi sûrement qu’une peau de banane, l’odeur en plus.
Mais on a dit culturel, alors je la fais culturelle. Euh… ben, j’y connais pas grand-chose, heureusement que j’ai écouté notre animateur !
Parti des Arts Décoratifs de Strasbourg, Alfred Marzolff, membre du fameux Cercle Saint-Léonard, s’est fait sa réputation dans le dernier tiers du 19ème siècle et dans le premier tiers du 20ème. Ce Cercle mettait en avant la culture alsacienne alors que la région oscillait entre Allemagne et France, comme moi je mets en avant mes bâtons quand j’oscille sur un sentier de montagne après le rosé de midi. On leur doit du théâtre alsacien (Stosskopf), de la marquetterie (Spindler), des illustrations (Schnug) et donc de la céramique et surtout des sculptures avec notre Alfred du jour.
Nous démarrîmes par… Tu dis ? Démarrâmes ? Ben si ça te fait plaisir ! Donc on s’est fait la rue du 22 novembre avec les premières sculptures, la rue Gustave Doré et très vite, l’Aubette et la Place Broglie.
Si tu vas à Marseille, tu trouveras la brasserie le Strasbourg, logique. Mais nous on a mieux, Place Broglie à Strasbourg, l’endroit où a retenti pour la première fois la Marseillaise ! Celle que je chante chaque fois que la France gagne l’Eurovision. Un pied en avant sur une grosse pierre, un bras tendu vers l’avenir, le fessier enjupaillé, le buste altier, le téton conquérant, la coiffe très peu phrygienne, la voix puissante et un rien éraillée par des agapes alcoolisées : allons z’enfants de la Patrie, le jour… et jusqu’au bout, quand il s’agit d’abreuver nos sillons. Eh oui mon canard, tout ça sur la façade de la Banque de France à Strasbourg.
Devenue la préfecture, oui là où tu faisais ta carte aussi grise que ta mine en voyant le tarif, l’ancienne résidence de Guillaume 1er n’a pas échappé à sa paire de lions. Un petit tour par le Rhin et la Moselle, le premier barbu et ténébreux comme je les aime, la deuxième seins nus (c’est pas moi qu’ait posé pour Alfred !), et les deux avec des grosses mains. Et nous aboutîmes (il est juste çui-là ?) au Pont Kennedy. Il date de 1906 quand fallait relier l’Avenue des Vosges à celle de la Forêt-Noire. Là il a vu grand l’Alfred. Des colosses, pêcheurs, bateleurs… Les métiers disparus du Rhin, quoi.
Au début sous l’empire allemand, ils ont appelé ça le Pont de la Forêt-Noire. En 1945, sans bouger une seule brique, hop, je te le baptise Pont des Quatre Hommes.
A New York ils ont l’aéroport, nous on a le pont, puisque depuis 1965 il porte le nom de John Fitzgerald qui a eu la mauvaise idée d’aller à Dallas en 1963. La vache, qu’est-ce que je suis culturelle aujourd’hui ! T’inquiète, ça va pas durer.
Karina-Iris



































