Saint-Quirin et les sites archéologiques

L’histoire de Quirin, c’est comme un film d’horreur tourné le 30 mars de l’an 130. Le mec s’étant converti au christianisme et refusant de revenir aux dieux romains, le juge n’y est pas allé de main morte. On lui a cassé les os, on l’a brûlé à la torche, on lui a coupé tout ce qui pouvait l’être, les mains, la langue, les pieds (on sait pas pour le reste) et finalement la tête. Je l’affirme, quand ils ont écrit les scénarios de la série des films « Saw », près de 1900 ans plus tard, ils ont dû s’en inspirer. Le Quirin, futur Saint-Quirin, se trouvant ainsi proposé en kit, façon Ikea impossible à remonter soi-même, on a préféré éparpiller ses reliques et, sur la route de Neuss (vers Düsseldorf) en 1049, la mule qui en transportait a fait une pause dans le coin. Ni une, ni deux, on a construit une chapelle à cet endroit et on a baptisé le village autour : Saint-Quirin.

Sur la route romaine menant à Strasbourg, juste avant le Col de Saverne, se trouve Pons Saravi, la future Sarrebourg, et à côté, un grand plateau de grès séparant les vallées des Sarre Rouge et Blanche. Autre point de passage vers Strasbourg par le Donon cette fois. Le climat du 1er siècle a incité les populations à s’y installer, avant de l’abandonner vers la fin du 3ème siècle, sans doute à cause d’un changement climatique qui a causé des grandes migrations, dont celles des barbares de l’Est. Tout s’explique. En tous les cas grâce à une charmante dame, conservatrice de musée à la retraite, venue préparer avec son équipe les journées du patrimoine. Fantastique et passionnante Madame Heckenbenner de l’A.R.A.P.S. (https://www.saintquirin.fr/vie-associative/patrimoine/a-r-a-p-s/).

Son exposé passionné m’a subjuguée, j’ai appris que tout est lié ! Le climat, les mouvements de population, le commerce… Il y a comme ça des gens qu’on pourrait écouter des heures et qui donnent envie de retourner à l’école pour apprendre l’Histoire. Moi en tous cas, je me suis sentie moins conne qu’avant, ce qui est déjà pas mal. Donc le coin s’appelle le site de la Croix-Guillaume. Dans ce site archéologique, je fus émue, je fus rêveuse, je fus bouleversée, je fus même romantique tiens, en voyant ces vestiges de deux mille ans, fondations, nécropole, ancienne carrière, citerne d’eau,… Je m’imaginais gallo-romaine, transportant mon seau d’eau depuis la citerne, tapotant au passage les fesses de la statue de Jupiter à l’Aigle, et me voyant impériale dans ma superbe toge.

Bon, nous évidemment on était là pour marcher, alors bon j’insiste pas. On peut même pas faire de la culture tranquille, non, on a une rando à faire. Et vas-y que je descends pour mieux remonter. Heureusement qu’on a eu la Belle Roche pour la pause casse-croûte, avec vue sur les Vosges jusqu’au Donon que pour une fois, on voyait depuis l’autre côté. Là, on pouvait la faire, la blague « t’as vu comme l’Alsace est belle ? » sans même devoir être soulevés par les oreilles. Celle-là, les Alsaciens et les Lorrains la comprendront.

Et revoilà Saint-Quirin (le village, pas l’homme-puzzle), et son église du 18ème siècle, qui comporte un portail dorique, et… trois clochers à bulbes ! Extraordinaire, non ? Fantastique ! On s’en fout un peu mais si je n’en parle pas, on va encore me reprocher mon manque de culture. D’ailleurs nous nous promîmes de revenir bientôt pour refaire la rando des Sept Roses, églises et chapelles, autour de Saint-Quirin. En attendant, pour évacuer la chaleur et oublier les insectes qui nous ont assaillis (eh les chauve-souris, vous attendez quoi pour faire votre boulot ?), nous dégustâmes un café, une bière, ou encore un Apfelschorle au Café des Vosges de Saint-Quirin. Puis nous franchîmes à nouveau la fameuse ligne bleue desdites Vosges en passant par le Donon, et bien plus rapidement que les Romains !

Karina-Iris

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