Pour une fois, je vais vous raconter une légende, vous allez adorer ! Mais pour commencer, f’sait pas beau, d’accord, mais ce n’était pas la pluie non plus. Quelques gouttes pour nous intimider, et de la brume pour nous enquiquiner (ça faisait longtemps que je voulais le placer, celui-là). L’en fallait davantage pour nous décourager ! On est des randonneurs, après tout.
A défaut de points de vue (sauf pour ceux qui aiment contempler les gouttes et le brouillard), nous avons pu admirer nombre de rochers de porphyre et de granit, et croiser la route d’Adolph Kolping (1813-1865), prêtre et créateur de la Fédération des Compagnons de Rhénanie.
L’objectif était la maison de la sorcière, plantée dans une clairière comme si on venait de l’arracher à un conte. La sorcière doit souvent faire le ménage car l’intérieur est très propre et nous a permis de manger à l’abri. Remarque, vue la taille de son balai, j’suis pas étonnée. Nous étions en plein sur le Hexentanzplatz, la place où dansent les sorcières. Frissons garantis non parce que nous avions peur, mais parce qu’il faisait plutôt froid.
Dans cette région ensorcelée, nous pensions qu’on allait nous tendre la pomme de laquelle nous nous serions méfiés, poison oblige, mais pas du tout ! Nous sommes en Forêt-Noire et la tentation est venue des boissons variées, du miel, des plats de charcuterie et bien entendu du Kaffee-Kuchen, le tout au fil des Schnapsbrunnen, les fameuses fontaines à schnaps. On se sert, on met la somme annoncée dans une petite caisse, et déguste, Auguste !
Et maintenant, comme promis, la légende de la sorcière bernée ! Adaptation par Karina-Iris.
Donc la « Getäuschte Hexe », en gros la sorcière qui s’est fait bien ni… qui s’est fait avoir.
L’était une fois un jeune fermier qui était vachement fatigué parce que tous les soirs, une sorcière venait lui balancer une formule magique qui le transformait en cheval. Bon là, déjà, j’ai des doutes, et j’aimerais savoir si elle a tout mis à l’échelle. Elle enfourchait sa nouvelle monture pour se rendre au Hexentanzplatz, le lieu où dansent les sorcières. Puis une fois le bal terminé, elle chevauchait vers la ferme où elle rendait sa forme humaine au fermier. M’étonne qu’il soit claqué, le gars !
Mais un soir, dégourdi le mec, il prononça la formule magique avant la sorcière et c’est elle qui s’est transformée en canasson ! C’est là que le jeune gars la chevaucha (chose qu’il n’aurait selon moi jamais osé faire avec la sorcière sous sa forme humaine) et l’emmena chez le maréchal-ferrant, faire ferrer sa monture. Retour à la ferme, reprononçage de la formule, et revoilà la sorcière qui venait de se faire prendre, non par le fermier, mais à son propre piège.
Le lendemain matin (am anderen Morgen, en Allemand), une ado de 16 ans de la ferme voisine refusait de sortir de son lit, et même de montrer ses mains. On finit par la tirer du plumard et par constater qu’elle portait des fers à cheval aux mains et aux pieds. Tout ça se passait avant la mode des piercings. Sans trop lui poser de questions, on les lui enleva et depuis, la sorcière n’est plus jamais apparue !
C’est du moins ce que raconte Adolpf Hirth dans ses Légendes de la Vallée d’Achern.
Karina-Iris











































