Randos de jour et de nuit à Oberbronn

Un bip agressif m’a réveillée ce samedi matin. Comprends pas, moi le samedi matin, je dors. Tu sonnes sur mon téléphone, je râle, tu sonnes à ma porte, je peste, et si c’est pour de la pub, tu sors par la fenêtre plus vite que Columbo y entre quand on le sort par la porte.

Bref, c’est quoi ce truc ? Ah oui, le réveil. Parce que je pars en week-end de marche et d’assemblée générale. Bon, voilà la couette qui vole, le pantalon qui s’enfile, le sac qui se boucle, les cheveux qui renoncent à se faire coiffer, et hop direction Oberbronn. Chouette petite rando automnale, rien à dire. La tour du Wasenkoepfel, l’abri de l’Ungerthal, le Immenkopf et surprise, un truc prononçable : le Grand Chêne. Puis Oberbronn, ses maisons à colombages et enfin le Couvent où nous dînâmes et logeâmes (t’as intérêt à disposer d’un stock d’accents circonflexes, là). Pause café (bienvenue), apéro (indispensable), dîner (apprécié) et soirée confortable à jouer aux cartes (illusoire).

Car quand j’ai commencé à arranger le paquet de cartes pour la distribution et pas me retrouver avec des cartes foireuses, j’ai commencé à me méfier. Se rhabillaient tous en tenue de combat, chaussures, sacs-à-dos, bonnets, lampes frontales. Pourtant les chambres sont pas loin, suffit de monter l’escalier et on y est !

Quoi, rando nocturne ? C’est quoi ça encore ? Une marche de nuit, ah oui c’est bien ce que je craignais. Bon tu fais quoi ma grande ? Eh bien tu veux pas passer pour la bêcheuse du groupe, tu veux pas ressembler à la feignasse qui va plutôt faire la notation des schnaps du Couvent, tu veux sauver ta réputation de sportive, du moins ce qui peut encore l’être, tu joues à la cruche qui a oublié sa gourde, et pas à la gourde qui a oublié sa cruche, et tu te mets en état de marcher deux heures dans la nuit.

C’est angoissant, t’y vois rien, tu imagines un loup derrière chaque tronc d’arbre, tu devines des yeux jaunes qui te scrutent, mais non idiote, ce sont les lampadaires d’Oberbronn tout là en-bas ! Mais figure-toi, toi l’aventurier dilettante du fond de ton canapé, toi l’Indiana Jones de la télécommande, toi le critique des profondeurs de ton fauteuil, oui figure-toi que j’ai appris un truc : la boussole fonctionne aussi de nuit ! Tu savais pas, ça, hein ? Hé oui mon canard ! Pareil pour le GPS. Moi ça m’a scotchée ; comme quoi il faut jamais rester chez soi, il y a toujours des choses à apprendre.

L’avantage la nuit, c’est quand on te promène dans une ruine comme la Wasenbourg, tu vois moins que c’est une ruine. Tu vois des murs aussi loin que ta frontale le permet, t’imagines un chevalier qui ripaille dans la pièce à côté avant de rejoindre sa belle (la veinarde) dans la chambre encore plus loin, puis de… Mais bon, ma frontale va pas plus loin.

Puis le Reisberg et ses cupules. Il y en a qui préfère la cupule de nuit, d’autres sont plutôt du matin, chacun son truc en tous les cas je t’en ai ramenées en photo. Et descente par le belvédère sur Oberbronn, avec la pluie qui n’a rien d’autre à faire que tomber. Et enfin, harassée par les deux randonnées, éreintée par les émotions nocturnes, je me prélassai sous la douche et me retirai sous la couette après cette soirée sans alcool. C’était peut-être ça le plus dur dans cette affaire ?

Karina-Iris

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