Mittlach et les Têtes

On marche sur la tête ! Enfin sur les têtes… T’en montes une, tu la redescends, tu en remontes une autre, tu la redescends, et tu recommences, moi ça m’a pris la tête. Alors la seule chose à faire : tu te concentres, tu gardes la tête froide, tu mets tes grosses chaussures sans prendre la grosse tête et tu fais un pas après l’autre. Là, à force d’enfiler les lacets (ceux du sentier, pas ceux des chaussures susnommées), tu arrives deux heures plus tard au Col du Herrenberg où des vaches t’observent d’un air de se dire « t’en fais une drôle de tête, toi ».

Mais elles s’en foutent, elles ruminent. Toi aussi remarque parce que tu as vu les trois Kopf, les trois Têtes donc, qui t’attendent alors que tu as déjà fait 600 mètres de dénivelé. Là je me suis dit qu’il fallait que je voie l’organisateur en tête-à-tête pour lui expliquer ma façon de penser. Il me tiendrait tête mais quand j’ai raison je m’entête. Il s’en irait tête baissée et… ben oui, la queue entre les jambes ! Et comme un tête à queue justement, voilà qu’au Col du Herrenberg nous prîmes un grand virage sur la droite pour monter à l’abri du Neurod et procéder au pique-nique.

Puis c’est là que nous entreprîmes la randonnée des Têtes. A commencer par le Batteriekopf, puis le Rothenbacherkopf et enfin le Rainkopf. Vas-y, récite-les dans l’ordre et sans rester accroché. Ah… Tu vois t’en as plein la tête aussi ! Moi je dis que pour s’amuser à faire comme ça les montagnes russes, soit il faut ne plus avoir toute sa tête, soit il faut se laisser émerveiller par la vue époustouflante !

Je fus survolée par des hommes volants, ou peut-être des femmes volantes, je sais pas, vu que ce beau monde est assis dans une sorte de sac lui-même suspendu à une aile, et le tout vole ! Je t’avoue que l’idée m’a jamais effleurée de faire un truc pareil. D’abord, il me faudrait deux ailes pour me soulever (t’ai coupé l’herbe sous le pied hein, tu crois que je te voyais pas venir ?) et prévoir des bouchons d’oreilles pour l’assistance vu les cris perçants qui sortiraient tout seuls de ma gorge stressée ! Oui ça s’appelle du parapente mais moi ça me rend paranoïaque. J’en ai les cheveux qui se dressent sur la tête !

Et là, tu t’en doutes, il a bien fallu redescendre. Et je peux te dire que c’était pas une descente de… enfin d’amateur. Un vrai sentier jusqu’au Altenweiher, tout vert à cause de je ne sais quelle algue. Ça donnait pas envie de piquer une tête dans cet étang. Comme j’ai la tête sur les épaules, ce qui est d’ailleurs sa localisation naturelle, j’ai soigneusement contourné cette eau martienne.

Et ça descend encore et encore, mais c’est bientôt la fin d’accord, d’accord. Par la chapelle du Kolben et le Vallon de la Kolbenfecht. Et enfin le parking parce que, même si c’était magnifique, je commençais à en avoir par-dessus la tête, des kilomètres !

Attention poésie : une belle journée comme ça, c’est comme une anesthésie chez le dentiste, tu rentres et tu en profites encore tant qu’elle agit, tu as encore les images devant toi ! Non, non, t’inquiète pas, j’ai pas perdu la tête !

Karina-Iris

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