Week-end en Suisse Centrale, 2ème jour

Sacrés acrobates, les chamois ! Ca te sautille de rocher en névé, tout en légèreté et finesse. Comme moi dans ma jeunesse quand je sautillais dans les prés, un peu Heidi, un peu Laura Ingalls poursuivie par l’autre là, la moche avec les boucles… Enfin donc oui, j’ai vu des chamois. Des vaches aussi, tu t’en doutes !

Les vaches, moi j’aime bien, c’est sympa, c’est curieux, ça mange tout le temps mais faudrait quand même leur expliquer la notion de toilettes. Prends une chèvre, ça te fait des petites crottes toutes rondes, presque mignonnes, en petit tas et voilà. La vache non, c’est une grosse bouse posée là où elle tombe. C’est-à-dire en général au milieu du sentier, entre une caillasse bien glissante et une flaque de boue, comme ça tu as le choix : soit tu marches directement dedans et tu pries que ta chaussure soit étanche, soit tu glisses sur la caillasse et tu te retrouves les fesses dans ladite bouse, puis tu te demandes si tu as bien prévu un pantalon de rechange.

Tout comme celles du Seigneur, les voies entre les falaises me paraissaient impénétrables et pourtant nous y avons pénétré ! Tu descends en te retenant à des cordes, à des chaînes (donc il n’y a pas de plaisir), tu as des bouts de ferraille qui servent de marche et tu commences à te souvenir des paroles du Notre Père, vu que tu envisages l’hypothèse de le retrouver plus vite que prévu.

Mais bon, tu t’accroches, tu pries, tu pestes, tu maudis, tu plusjamaisjeviendrai, tu râles, tu chopes la chaîne et la corde et tu te lances dans la descente raide, t’en oublies même qu’aujourd’hui il fait beau et que les vues sont superbes ! C’est la tournée des lacs, le Melchsee, le Blausee, le Seefeldsee, la nausée (à cause du vertige)… qu’est-ce que je raconte, moi ?

Et puis je suis passée à côté du centre géographique de la Suisse, rien que ça ! T’es au milieu de la Suisse qu’est au milieu de l’Europe ! En ruminant, les vaches autour affichaient une certaine indifférence, mais moi ça m’a fait quelque chose, quand même !

Et là, la descente d’enfer (et non aux enfers), 1300 mètres jusqu’au parking ! Là tu te cramponnes à ce que tu peux, bâtons, racines, branches, arbres entiers, tu dérapes sur les rochers glissants, tu glisses dans la boue dérapante, tu perds tout : l’altitude, l’équilibre, la boussole, le sens des réalités. T’aurais bien pris une gentiane mais tu sais pas comment la distiller.

La récompense, c’est la vue sur la chaîne des 4000 des Alpes Bernoises : la Jungfrau, le Mönch, l’Eiger… Quelle vue, mon canard, quelle vue ! J’ai ramené mes chocolats français que je comptais planquer en Suisse, ils prennent pas, ils en ont déjà assez avec même un qui a la forme d’une montagne. Ils aiment bien les barres mais dans une matière différente ! C’était bien la peine de rougir devant le douanier en lui faisant des battements de cils, il n’a rien contrôlé, ouf, mais j’ai ramené mes tablettes en France.

Karina-Iris

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