La Légende de Soeur Marie-Grognasse de la Perpétuelle Constatation

L’an de grasse 2022 (vous verrez que cette orthographe est appropriée), à la fin octobre. Il était une dodue sœur maladroite passant sa journée à tomber de sa souche ou à choir dans un escalier de grès, tant et si bien qu’elle finit par s’égarer et que depuis, elle hante la forêt de Lichtenberg et son château.

Les anciens racontent que chaque année à la veille d’Halloween, la forêt des Vosges du Nord retentit des pas lourds de la Soeur, impénétrable (la forêt, bien sûr). L’espace d’une journée, Sœur Marie-Grognasse de la Perpétuelle Constatation vient intervertir les balisages du Club Vosgien, de Reipertswiller à Wimmenau. Même les vaches détournent la tête à son passage.

Le loup lui-même, ayant tenté de consommer l’appétissant et généreux arrière-train de la Sœur, s’en trouva pétrifié pour l’éternité.

Escortée du Lutin Maléfique et de Cricri le Viandophile, la Sœur se dirige ensuite vers le Château de Lichtenberg dans lequel elle pénètre avec quelques adorateurs. Les araignées se terrent, les chauves-souris restent dans leur grotte, les mille-pattes sont piétinés. Cauchemardesque, la Sœur ignore les abatteurs à la tronçonneuse qui la contournent (ce qui vu le gabarit de l’intéressée, leur prend plus de temps que prévu).

Et là, plantureuse, la robe relevée sur ses cuisses poilues, Sœur Marie-Grognasse s’élève dans son donjon pour en conquérir le sommet (après avoir loupé une marche) et embrasser de son regard concupiscent le coucher du soleil et la vue circulaire sur son territoire des Vosges du Nord. Le soleil disparaissant derrière le doux relief est pour la Sœur un signal : celui de son inapaisable estomac qui, en pleine absorption de douceurs pâtissières, lui rappelle le dîner à venir.

C’est ainsi que Sœur Marie-Grognasse se lance dans la descente (vite freinée par des marches inégales) et entreprend quelques rites sataniques dans le cimetière pour le plus grand effroi des touristes, pendant que Cricri le Viandophile terrorise les enfants et leurs parents. C’est l’heure de l’apéritif sanguinaire chez Vampirella et le Vampire, lesquels n’ont pas proposé de bretzels, ayant jugé inquiétante l’évolution ventrale de leur invitée depuis la dernière fois.

Retrouvailles avec la mangeuse de cheveux puis la soirée se conclut par un dîner sanguinolent à la table des cadavres, avant un dernier tour dans le château où se perdent les hurlements d’effroi des visiteurs. Bedonnante et repue, Sœur Marie-Grognasse finit alors par se perdre dans le labyrinthe, après avoir traumatisé plusieurs générations de promeneurs, pour y attendre dans un sommeil adipeux de ressurgir l’année suivante… Reste que quelques appareils photo ont réussi, on ne sait par quel miracle technologique, à capturer l’intégralité de la Soeur. Alors, légende ou réalité ? En tous les cas on a des photos…

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