Après l’accueil par des panneaux « chasse en cours », auxquels nous avions bien envie d’ajouter des panneaux « randonnée en cours », nous sommes arrivés à notre point de départ, un charmant kiosque avec vue sur la plaine, sur les hauteurs de Heiligenstein. Et là, nous avons effectué une découverte majeure dans l’histoire œnologique alsacienne, à savoir qu’une voyelle peut changer un vin ! Comme si les noms des vins n’étaient pas déjà assez difficiles à prononcer pour les gens de « l’intérieur », voici qu’arrive le Klevener, qu’il ne faut pas confondre avec le Klevner !
Au grand désespoir de notre sommelier-randonneur du jour, le groupe se composait surtout de buveurs d’eau (comment peut-on) ou de tisanes (sans commentaires), aussi fallut-il quelques kilomètres au travers de la forêt jaunie par l’automne tardif pour qu’enfin nous comprenions de quoi il retourne. Dégustant au Kiosque Jadelot des vins rouges de « l’intérieur » eux aussi, songeant que nous étions moins exposés au vent de l’extérieur, nous apprenions ainsi que le Klevner du coin de Heiligenstein est un pinot blanc capable d’accompagner par exemple des fruits de mer (venus eux aussi de « l’intérieur ») sur une terrasse en extérieur. Mais on peut aussi le déguster à l’intérieur.
Sous ses extérieurs jaune doré, le Klevener lui, avec un « e » en plus, est une variété de cépage savagnin rose qui, non content d’être un cépage à part entière, est également une appellation géographique et donc constitue un vin uniquement vendangé dans les environs de Heiligenstein, parfait pour accompagner la cuisine alsacienne traditionnelle. Il se consommera donc moins en extérieur tout en étant apprécié des gens de « l’intérieur », et s’avère fruité, pas très loin du Gewurztraminer. La Bretagne se trouvant à l’autre bout de « l’intérieur », nous sommes donc passés devant nos propres menhirs, l’un couché, l’autre dressé.
Edifié aux alentours de 1200, le château du Landsberg a été adapté aux nouvelles armes à feu après 1475 avant de se retrouver accusé d’être un lieu de sabbat au 17ème siècle. Depuis 1965 il est monument historique et fait l’objet de fouilles et de travaux d’entretien. Sans doute y buvait-on à l’époque du vin épicé du Moyen-Âge et ne se posait-on pas la question de Klevner ou Klevener… L’on y admire son oriel et ses impressionnantes murailles et tours.
C’était aussi la journée des kiosques en plein air puisque celui du Moenkalb nous proposait sa table d’orientation indiquant même de lointaines villes asiatiques, tellement lointaines qu’elles sont carrément à l’extérieur de « l’intérieur ». Le tout avec des vues sur le Haut-Koenigsbourg, le Haut-Andlau et le Spesbourg et, plus loin, la plaine d’Alsace et la Forêt-Noire qui une fois de plus était bleue sous le ciel rhénan.
Autant profiter des mignons jardin et kiosque à l’arrivée pour prendre notre pot final et tenter de finir en extérieur notre vin rouge de « l’intérieur », voire nos bouteilles d’eau (parce qu’on les a portées) ou nos tisanes (toujours sans commentaires) pour accompagner nos dernières tranches de gâteaux. Un Kaffee-Kuchen au pays du Klevener et du Klevner !















































