Sur les traces d’Albert Schweitzer

Tu te rappelles peut-être qu’à Ulm, en mai dernier, nous avions croisé la route d’Einstein. Ben aujourd’hui, nous croisons celle d’un autre Albert. Le seul, le vrai, l’unique, l’inimitable, l’Albert parmi les Alberts. Il y a un Camus parmi les écrivains, un Uderzo parmi les dessinateurs, un Spaggiari parmi les voyous, un numéro 2 parmi les princes, un Lebrun parmi nos précédents présidents de la République, un Londres parmi les journalistes, un Finney parmi les acteurs… Nous en en connaît un parmi les pasteurs, les organistes, les médecins, les prix Nobel, les philosophes, les musiciens, les écrivains… Oui, un Albert qui se retrouve à lui seul dans toutes ces catégories !

Pour les francophones, c’est le Docteur Chouettes Airs ; quoi qu’il en soit, c’était un bonhomme hors normes. Bon moi, la moustache, c’est pas trop mon truc mais au moins il ne laissait pas pousser de piège à macaronis sur son menton. Le casque colonial, eh bien c’est pour le Gabon, plus précisément Lambaréné, un village sur la rivière Ogooué.

C’est là-bas qu’il est mort 90 ans après sa naissance en 1875 à Kaysersberg. Quelle vie, quel destin ! Il a vécu à Gunsbach où sa maison est aujourd’hui son musée, il a joué de l’orgue à Strasbourg, il était d’abord allemand, il était ensuite français, suivant la grande Histoire de l’Alsace et, à trente ans, n’acceptant pas son bonheur sans se sentir obligé de donner quelque chose en échange, il démarre ses études de médecine puis part en Afrique en 1913 pour fonder son hôpital. Les vissiti… vitissi… je reprends : les vicissitudes de la géopolitique l’ont ramené en Europe, l’ont même fait prisonnier durant la Première Guerre Mondiale, puis il a voyagé, est revenu au Gabon, a développé son projet qu’il finançait grâce à ses concerts et à ses écrits.

Ô grand Albert, tes livres m’ont fait m’évader quand j’étais toute petite (et encore maigre), je transpirais avec toi dans ta case où tu écrivais, j’écoutais religieusement tes concerts d’orgue à Strasbourg et même dans des villages alsaciens, je t’applaudissais en 1952 quand tu as reçu le Prix Nobel de la Paix.

Je me rêvais en ta belle Hélène, ton épouse, ou en Emma ton assistante. Quand le nom de Lambaréné résonnait à la grande table de Noël, la petite fille (toujours pas grosse) que j’étais, partait direct en Afrique et écoutait rugir un lion, elle admirait le portrait encadré dans le salon, elle dévorait tes écrits. Aujourd’hui, nous suivîmes tes traces depuis Gunsbach pour rejoindre notre point de départ : Turckheim. Et ce soir, je ressors un de tes disques d’œuvres de Bach, et je me promets de relire « A l’orée de la forêt vierge » ou « Souvenirs de mon enfance ». Puis d’autres.

Mais pour l’heure, ouh la, faut que j’aille me coucher car il est presque minuit, Docteur Schweitzer !

Karina-Iris

(photos de Dominique)

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