Aujourd’hui ça commence par du culturel, tu vas être content. Dès le départ à Oberkirch, j’ai sursauté devant une statue effrayante, et tu me connais, pour m’effrayer il faut du lourd. Genre on est en rupture de bière à l’apéro, on a oublié le schnaps pour le digestif, ou encore tout le monde va se coucher et personne pour m’aider à siroter une dernière grappa.
Donc là, on a un écrivain badois avec un nom dont c’est déjà un cauchemar d’arriver au bout. Hans Jakob Christoffel von Grimmelshausen. T’es toujours avec moi, mon canard ? Au XVIIème siècle, il a notamment écrit un pavé qui s’appelle « Les aventures de Simplicius Simplicissimus ». Commençait bien, le truc ! Rien que pour écrire le nom du type et le titre du bouquin, ça m’a coûté un doliprane pour surmonter, et deux pastis pour me calmer. Ça a l’air épique, ce cycle de romans, avec le bonhomme qui traverse la Guerre de Trente Ans, le tout en description assez baroque.
Et donc il a sa statue à Oberkirch, qui représente le personnage en couverture originale du livre. Un pied palmé, l’autre en sabot, des cornes, t’as envie de fuir ! Mais impossible de courir dans la montée et le temps de me mettre en sueur, voilà déjà le château du Schauenburg. Enfin château, on se comprend. La ruine, hein. C’est là que tu te dis que la qualité allemande, laisse-moi m’esclaffer, permets-moi de pouffer, autorise-moi à me gondoler comme un vénitien amoureux, tolère que je parte en fou-rire !
La famille Zähringer l’a construit au XIème siècle mais comme c’est la concurrence qui en a hérité, la famille a assiégé son propre château avant qu’il revienne aux chevaliers de Schauenburg. On en revient à la Guerre de Trente Ans puisque c’est là que le château a été partiellement détruit avant de tomber en ruines au XVIIIème siècle et de commencer à être considéré comme à préserver vers la fin du XIXème par un descendant des Schauenburg.
Bon tu me connais, la culture ça va cinq minutes mais après faut décompresser. Donc me voilà en route sur le Felsenweg, autrement écrit le Chemin des Rochers, qui m’a amené d’Oberkirch à Kappelrodeck, dans le nord de la Forêt-Noire. C’est nos potes d’Uferlos qui organisaient.
Et alors là, ce fut un défilé de « Fels », de « Stein », avec des points de vue sur la plaine que se partagent l’Alsace et le Bade-Württemberg et même sur la cathédrale de Strasbourg ! Moi ce qui m’a rassurée, c’est que dès que tu sors de la forêt et des falaises, tu trouves de la vigne. Ce qui me met tout de suite l’eau à la bouche. Ben non, c’est pas le raisin lui-même que j’aime, tu penses… Sont bien ces gens-là, ils font du vin qui se boit bien une fois que tu as survécu au premier verre, et ils brassent des bières délicieuses servies au minimum par 50 cl. Pas comme ici où tu passes ton temps à commander des 25 cl, au point que t’en commandes deux tout de suite pour pas user prématurément les semelles du serveur. Et comme à Kappelrodeck il a fallu attendre le train du retour pour retrouver nos voitures (parce que non, grand malin, c’était pas une boucle !), nous nous offrîmes un Kaffee-Kuchen. Curieusement, ce mot-là, je l’écris toujours sans que mon clavier ait fourché !
Karina-Iris










































