De l’eau en cascade mais pas d’eau dans la cascade. Pourtant, tu peux pas dire qu’il n’a pas plu cette année, j’ai l’impression d’avoir fait que de la gadoue. Et là j’arrive, on m’annonce un cirque avec la cascade du Lançot et c’était bien un cirque mais… pour l’eau, tu repasseras même si on a dû faire des acrobaties !
Et donc, si tu as vu une sorte de limace suante se hisser sur des escaliers au-dessus d’un vide de rochers et de ronces, tu m’as vue ! Tout là-haut, sous la falaise, accrochée à un câble, la chaussure tremblante, les poings serrés.
Tu pouvais me mettre sous les yeux un garde-forestier à cheval comme dimanche dernier, un apollon appelant, voir même un nudiste aguichant, moi je levais plus les yeux. La grotte du Lançot ? Ben une grotte, quoi. Et le vide, t’en fais quoi, hein, du vide ? J’avais l’impression de randonner entre mes deux oreilles tellement y’avait rien ! De l’air, de la falaise, du précipice, du néant rocheux, et ce foutu câble auquel s’accrocher. Et mes chaussures à regarder.
Comme tu le constates, mon canard, j’ai survécu. Même que j’ai visité la grotte du Lançot, le même nom que la non-cascade, puis j’ai filé le long de la falaise et du câble avant de retrouver un sentier digne de ce nom. Ah ils m’entendront, les sauvages, de m’avoir entraînée dans ce bazar ! Tout ça pour une cascade sans eau avec que de la caillasse.
Et après j’ai fait quoi à ton avis ? Ben j’ai grimpé, encore et encore, sous le soleil, dans la chaleur, sans but, sans espoir, me demandant qui est le saint patron des randonneurs. C’est Saint-Bernard de Menthon, qui a randonné au 11ème siècle mais c’est pas le sujet. Je vois l’autre là qui râle déjà parce que je cause de trop. Essaie de mettre un soupçon de culture et voilà, tu te fais réprimander…
Et voilà la Roche du Prêtre. Alors je t’explique : on sait pas à quelle époque, le géant Dessoubre était enfermé dans la grotte par un prêtre, mais les potes du géant l’ont libéré et ont balancé le prêtre du haut de la falaise. Il en fallait pas plus pour que ça devienne la Roche du Prêtre !
Là tu vois, je me dis que j’ai raté des occasions. L’autre jour en rando, prise d’une soudaine et irrépressible envie, je m’accroupis derrière un arbre vénérable, ce qui me valut d’ailleurs des commentaires peu obligeants que je traduirais par « elle fait braire, la vidangeuse ». Et tu crois que c’est pour autant qu’on va appeler l’endroit « le chêne de la rédactrice » ? Bé non !
T’énerve pas ma grande, poursuis ton récit. Donc… ah oui, voilà une cascade avec de la flotte, celle du Dessoubre (un pipi de géant ? Va savoir !) tout près de sa source. On fera avec. Puis l’abbaye avec son église plutôt rustique, de l’Ordre des Minimes, qui date quand même de 1673. La partie culturelle expédiée, hop je pars pour Bellecombe et le gîte. Sous la pluie. A défaut de cascade, j’ai dégusté des merguez au four, le barbecue étant déclaré en état de catastrophe aquatique. Merci à Catherine et Jean-Luc et à ceux que j’oublie, qui ont assuré la logistique !
Karina-Iris











































