Petit Ballon et gros dessert

Guillerette, ce matin. Car je vois quoi dans l’annonce de rando ? Un petit ballon ! Tu penses bien que j’allais pas rater l’occasion. Désillusion, j’avais pas vu les majuscules qui donnaient Petit Ballon, donc un sommet à 1272 mètres d’altitude. Oui d’accord, cette altitude ça fait sourire d’importe quel bûcheron savoyard (qu’il soit velu ou pas), mais c’est quand même moi qui l’ai fait, le dénivelé !

Donc ça partait de travers, l’histoire. Au Buchwald, t’arrives à peine à ouvrir la portière que t’as le vent qui s’engouffre dans la voiture, la pluie qui n’a pas compris que l’eau normalement elle est censée tomber à la verticale, le thermomètre qui chute à 4°C, le sac-à-dos trempé rien qu’à le sortir du coffre, les doigts que tu sens plus mais les pieds qui vont sentir la chaussette humide bientôt. C’est dans ce genre d’occasions que je me réjouis de pas avoir perdu de poids, sinon je m’envolais direct vers le Grand Ballon, la cape de pluie servant de voile !

Remarque, comme j’arrive pas à perdre le moindre gramme… à ce propos, je viens d’essayer un jeune intermittent et que dalle ! Rien… Tu dis ? Circonflexe ? Ah non il était comme neuf… hein ? Quoi l’accent circonflexe ? Déjà que je mets l’accent sur la perte de poids et… Quoi ? OK donc un jeûne intermittent… Compliquée, la langue française, aussi !

Et donc montée au Petit Ballon (l’ai encore en travers celui-là) pour aller voir la Vierge blanche et bleue, dont j’admire le courage à rester plantée souriante là-haut depuis 1862 ! C’est un certain Joseph Grisward qui a fait le vœu de l’installer là s’il se sortait d’une puissante tempête de neige en 1860. Il est vrai que pour nous à ce moment-là sur le sommet, il ne pleuvait pas mais c’est parce qu’il n’y avait plus de place pour les gouttes puisqu’il y avait déjà du brouillard.

Par contre, quelle ambiance là-bas ! Même quand il fait moche, c’est beau ! Tu prends un bon bol d’air, tu sais que tu apprécieras ton canapé ce soir, tu attends de voir sortir du brouillard le fantôme d’un fermier en rut, tu imagines déjà des trucs… Ah non, il faut redescendre mais je peux te dire que ça valait le coup puisque nous voilà au refuge des Amis de la Nature en mode hors sac. Et là, enfin, je l’ai eu mon petit ballon, un vrai, un rouge, un Côtes du Rhône 2023 dont je te donne des nouvelles avant que tu m’en donnes.

Ensuite ça a été une manif bovine avec plusieurs revendications. J’avais jamais suivi des vaches qui font une opération escargot, ben voilà ! L’une manifestait sans doute contre la ligue de protection contre la puanteur du munster, et l’autre pour le droit de brouter en paix sur le chemin, alors que la troisième exigeait le maintien du droit à poser ses bouses au milieu des sentiers de randonnée.

Bref, il a fallu diplomatiquement éloigner ces dames en leur suggérant que l’herbe était plus verte un peu plus haut, et nous pûmes enfin poursuivre notre parcours autour du Grothkopf et du Steinberg.

Attends, bouge pas, je profite d’une éclaircie. T’inquiète ça va pas être long… Voilà, c‘est fait. Et hop, entre prés d’altitude et forêts, voilà déjà le Buchwald où nous prîmes un café et une tarte aux myrtilles, ou encore un Siesskas, c’est-à-dire du fromage blanc ; ce qui fait tout son intérêt, c’est qu’il est arrosé au kirsch, ce qui te permet ensuite de ressortir en oubliant complètement ce froid de… canard !

Karina-Iris

Photos Dominique / Laurence / Daniel

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