Le Breitberg en semi-nocturne

Une rando semi-nocturne, je t’explique, c’est toujours le même principe. Tu pars d’un point G (y’en a marre de toujours partir du point A), tu montes, tu sues, tu redescends puisque tu as atteint le point de non-retour. Sauf que là, tu pars dans l’après-midi, tu manges du moucheron, puis tu fais la crête et tu descends jusqu’au restaurant, en l’occurrence l’auberge du Elmerforst en pleine nature, pour le dîner. Tu vas rire : Elmer, c’est le chasseur des dessins animés, non ? Et on nous a prévenus au Elmerforst de faire attention… aux chasseurs ! Tu dévores, tu engloutis, tu exagères, tu savoures cependant, parce que tu te dis que tu l’as bien mérité, tellement tu as dépensé de la calorie juste avant.

Et justement juste avant, promenade en forêt, et hop, voilà le Pfaffenlapp. Le temps que t’arrives à le prononcer, t’es au point de vue d’où tu vois jusqu’au Rocher de Mutzig ! Et tu te dis que tout là-bas, il pleut, mais pas sur ton sentier. Pas une goutte de toute la rando, dis !

Quant à la forêt de l’Elmerforst, elle appartient depuis le XIIIème siècle à la Fondation de l’œuvre Notre-Dame de Strasbourg.

Puis le retour dans la nuit, avec les créatures nocturnes. Je ne suis pas nyctalope, donc dans… Ah ben oui, ça s’appelle comme ça. Nyctalope, ça vient des Grecs, qui ont… Ah non arrête maintenant, ça suffit, c’est pas moi qui ai fait la langue française. Ça veut dire qui voit la nuit. Bon alors je recommence : ne me trouvant point dotée d’une vision nocturne développée, dans cette nuit sans lune, des créatures glissaient dans la lueur de ma frontale sous laquelle je suais à grosses gouttes. Les grenouilles me grillaient la priorité sur les sentiers, les chouettes ululaient, les moucherons me dévoraient, les moustiques me suç… me pomp…, non plus, m’aspiraient le sang, les chauves-souris m’assaillaient (au lieu de dévorer les moustiques), les serpents me guettaient, les russes me canardaient (oh pardon, un moment d’anticipation…), les crocodiles me croquaient déjà, les renards me reniflaient et les loups louvoyaient en m’attendant. L’étang Humbert scintillait, avec ses poissons carnivores qui ne pensaient qu’à m’entraîner dans le fond pour me transformer en festin. Je peux te dire que j’ai tracé jusqu’à la voiture et qu’une fois de retour au point G (toujours pas le A) je m’y suis enfermée, sans même rêver d’un garde forestier aussi musclé que compatissant, et vroum, retour à la civilisation et aux lumières de la ville !

Karina-Iris

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