Sur les hauteurs de Bourg-Bruche

Comment dire, il faisait très chaud et lourd ! Les gars de la météo avaient prévenu : vigilance orange canicule, mais moi j’étais déjà toute rouge. Niveau une chaussure, par ce temps-là, ça en vaut deux ! Pourtant sous l’arbre du départ qui abritait nos voitures, j’appréciais le petit vent, et l’ombre, j’y aurais bien passé la journée !

A la guerre comme à la guerre, vaillante et décidée, je m’élançai dans l’air surchauffé, pour quelques vues sur le Climont, et sur ce paysage de prés, de forêts et de fermes isolées. Suante, dégoulinante, trempée jusqu’à la culotte, j’arpentai les sentiers en me vidant de mon eau et de mon énergie. L’objectif du jour : grimper au Voyemont, à 793 m. Des regards pleins d’espoir et de résignation se croisaient, style « tu y tiens, toi ? », ou « c’est en plein soleil, non ? », ou encore « quand tu as fait un point de vue, tu les as tous faits ».

Bon allez courage ma grande, je ne suis pas venue jusqu’ici pour capituler avant le sommet. D’autant qu’il y a à voir les ruines du pont que les fées avaient construit entre le Voyemont et le Solamont, et c’était pas bête du tout, puisque ça évitait de descendre et de remonter (pas comme nous autres randonneurs !). Cependant, la naissance du Christ a rompu le pouvoir des fées et ce foutu pont s’est écroulé. Deux millénaires plus tard, nous on a transpiré tout ce qu’on a pu pour faire la grimpette à pied. Il y a encore des amas de roches considérés comme les ruines du pont. Entre nous, je suis pas si nouille que ça, je sais bien que c’est une légende !

Plus récemment, en 14-18, les Allemands ont utilisé le sommet logiquement appelé « la Roche des Fées », comme poste d’observation. Et on les comprend : la vue à 360° est imprenable quant au pont, pas besoin de le faire sauter, il s’était déjà effondré. Problème : pour notre passage, le sommet était infesté de guêpes qui semblaient apprécier la vue elles aussi, alors j’ai fait deux trois photos, clic-clac, et suis redescendue vite fait de mon perchoir car le dard, moi, c’est pas mon truc (ça se saurait). C’est donc vierge de toute piqûre que je redescendis fièrement vers l’abri du Voyemont.

En route ensuite pour un tour sur les hauteurs, longeant la frontière de 1871 qui marquait la frontière entre l’Allemagne et la France de l’époque. Un D d’un côté et un F de l’autre. Aujourd’hui, c’est la limite entre les départements du Bas-Rhin et des Vosges.

Et enfin, voilà la source de la Bruche, et un joli truc genre menhir en grès, sculpté en 2015. On y apprend que la rivière fait 76 km de long, avant de s’acoquiner avec l’Ill à Strasbourg. L’occasion tout de même de se rafraîchir un peu les mains et la tête, avant la suée finale. Au parking, on aurait plutôt dit qu’on avait fait de la plongée et non de la randonnée ! Ah, changer de T-shirt et de chaussures, quel bonheur ! Personne n’avait plus l’énergie pour prendre un pot, c’est dire ; moi je rêvais d’un gros ventilateur et de flocons de neige…

Karina-Iris

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