On nous avait annoncé le déluge, l’apocalypse hydrique, la fin du monde sec, l’inondation poutinienne, la pluie pour l’éternité… Mais arrivés à Schaeferhof, nous voilà dans un vent frais, sous un ciel ensoleillé, et dans une belle ambiance de départ de randonnée avec escale à la boulangerie du coin et des chouettes décorations pascales !
Première étape, l’église de Schaeferhof et ses vitraux, suivie de la chapelle Sainte-Odile et ses magnifiques tableaux, car c’est Odile qui protège le village. Puis comme on dit dans le coin, mieux vaut troglodyte que pas assez ! Ces habitations aménagées dans et sous la falaise du Falkenfels étaient habitées jusqu’en 1902. L’ermite Himbeer et le Felsemartin y jouissaient d’une splendide vue sur le Rocher de Dabo.
Pour le déjeuner, nous avons choisi la chapelle Saint-Fridolin. Alors le Frido, c’est un missionnaire irlandais avec une bouille bien sympa venu fonder un petit monastère et ériger une chapelle, au VIème siècle. La Guerre de Trente Ans n’en a laissé que le baptistère, plus ancien témoignage chrétien du coin. Depuis 1898, c’est un monument historique maintenant protégé par une drôle de chapelle ouverte.
C’est ensuite que résonna le redouté « j’ai senti une goutte ». Le temps de terminer la phrase, les coquines s’étaient multipliées en une rincée sauvage, un arrosage en règle, un cataclysme vladimiresque sous des nuages menaçants tout droit surgis de l’enfer aquatique et sombre qui allait nous engloutir corps et ânes dans un oubli aux accents carmina buranesques (je reprends mon souffle). Ah on me signale qu’on dit « corps et âmes » ; oui ben j’étais pas loin. Bref, on s’est pris la saucée pendant un bon moment !
Qu’à cela ne tienne, nous étions contents de trouver la Grotte des Francs Tireurs devenue pour l’occasion un franc abri mais dont il nous a bien fallu ressortir pour reprendre le joli sentier de crête et arriver au Kelchfels, ce rocher rescapé de l’érosion, tout mignon avec sa touffe de végétaux sur la tête. C’est encore loin ? Ben oui puisque maintenant c’est descente sur la Borne Saint-Martin. La concernant, les versions divergent. Ça pouvait être une table géante ou encore une tombe mégalithique, en tous les cas, elle délimitait aussi le territoire de l’abbaye de Marmoutier, ou ceux des villages de Haselbourg, Dabo et Haegen.
Toujours vaillants tels des touffes de gazon sous un arrosage automatique, nous avons remis le cap vers l’ouest, en passant par la Croix Bleue. J’ai eu l’impression qu’on y a laissé le Christ trop longtemps au soleil, il est tout desséché, un peu vaporeux, très contemporain… Je cherche un mot… Etonnant, oui étonnant ! J’en ai vu des calvaires, mais un comme ça, jamais ! Etonnant je vous dis.
Une autre phrase résonna alors : « y pleut plus ». Car émergeant de nos capes de pluie pareils à des escargots se risquant hors de leur coquille, nous humâmes l’air humide alors que le soleil chatouillait nos visages incrédules. Allez hop, on passe en mode séchage pour finir en beauté dans la montée légère et résiduelle vers Schaeferhof. En voilà une randonnée riche en découvertes, non ? Allez on partage, on vous a ramené des photos !
!
Karina-Iris



















































