Dix coulemelles poussaient sur les alpages. L’une fut cueillie par une randonneuse émerveillée par la quantité et qui regrettait de ne pas pouvoir les cueillir toutes. Il en resta neuf.
Neuf coulemelles poussaient sur les alpages. L’une fut cueillie par un randonneur qui n’en revenait pas de croiser tant de fermes-auberges sans s’arrêter manger dans une seule. Il en resta huit.
Huit coulemelles poussaient sur les alpages. L’une fut cueillie par une randonneuse fière d’avoir gravi le Petit Ballon et appréciant la vue depuis là-haut. Il en resta sept.
Sept coulemelles poussaient sur les alpages. L’une fut cueillie par un randonneur qui venait de passer la dernière demi-heure à slalomer entre les bouses de vache. Il en resta six.
Six coulemelles poussaient sur les alpages. L’une fut cueillie par une randonneuse qui venait de découvrir l’ancien téléphérique allemand datant de la Première Guerre Mondiale. Il en resta cinq.
Cinq coulemelles poussaient sur les alpages. L’une fut cueillie par un randonneur qui décida qu’il pouvait s’en composer un couvre-chef. Il en resta quatre.
Quatre coulemelles poussaient sur les alpages. L’une fut cueillie par une randonneuse époustouflée par les rochers du Steinberg dans un décor de lande qui pourrait être bretonne ou irlandaise. Il en resta trois.
Trois coulemelles poussaient sur les alpages. L’une fut cueillie par un randonneur ravi d’avoir croisé autant d’animaux à plumes ou à poils, des volatiles de basse-cour, des vaches et des chèvres. Il en resta deux.
Deux coulemelles poussaient sur les alpages. L’une fut cueillie par une randonneuse qui rêvait de déguster sa bière à la ferme-auberge du Ried en fin de randonnée. Il en resta une. Une coulemelle poussait sur les alpages. Elle fut cueillie par un randonneur qui appréciait cette météo idéale de septembre. Il en resta… des centaines, peut-être même des milliers, et elles piquaient la prairie de leurs chapeaux blancs ! Jamais nous n’en avions vu autant, et le soir venu, elles embaumaient nos cuisines.
