Qu’est-ce c’est cet orchestre ? Des basses, des aigüs,… ah non des voix… Mais criez pas si fort ! Mais c’est quoi ça, entortillée… mais je suis où ? Sac de couchage, ah oui. Un tour sur moi-même… Ouh pas si vite ma grande, oh le mal de tête ! Mais comment on sort de ce truc ? Faut tourner et tirer, quelqu’un a un tire-bouchons ? Ah non, plus jamais je veux en voir un !
Puis cette odeur, et j’ai même plus de voix pour appeler au secours. Allez encore un tour sur toi-même… Pourquoi c’est les murs de la chambre qui tournent ? Ah, la fermeture éclair, allez on tire… zip, d’habitude une tirette qui s’ouvre c’est un bruit qui m’excite mais là rien… ouf, de l’air ! Où j’ai mis mes chaussettes, moi ? Ah ben je les ai aux pieds. Bon, alors première étape, me mettre debo… Oh mince, ils ont penché le refuge, cette nuit, ou quoi ?
Refais un essai ma belle, tu vas y arriver. Voilà, une main sur le mur, avec l’autre tu mets ton survêt, et direction les toilettes. C’est le moment de méditer. Tu dis ? On est le 1er janvier ? Mais de quelle année ? 2025 ? Non attends, alors on n’a pas fait la fête à minuit, c’est quoi ce binz ? Comment ça, vous avez fait la fête et pas moi ?
Ben, vin chaud, puis crémant, puis vin rouge, puis, attends je cherche… Comment ? J’ai embrassé le gardien du refuge sur la bouche ? Et alors ? Il est quoi ? Allemand ? Bah c’est pas grave ça… Ah, berger allemand ? Sérieux ?
Et j’ai chanté Dancing Queen ? Y’a pire dans la vie… Non crie pas, vache, mon crâne… Hein ? Je l’ai braillé en soutien-gorge sur la table de la cuisine ? Tu déconnes ! Non… ? Même pas un peu exagéré ? Non ? Ensuite j’ai entonné l’hymne américain avec une perruque pour ressembler à Donald… Y’a un trou quelque part, que je m’enterre dedans à jamais ?
Ah merci pour le café ; non pas de brioche, j’ai la gorge râpeuse et la langue compoteuse. Comme tu me vois là, tu vois ? Ben comme tu me vois là, moi Karina-Iris, je te promets, mais alors ich verspreche, I promise, prometo, que jamais, tu m’entends, jamais plus je touche un verre d’alcool ! Oh vingt dieux ma tête… Ah non, allez faire votre balade sur les hauteurs, moi je tente d’avaler mon café.
On est vraiment le 1er janvier ? Ah oui ? Non, non, j’ai pas oublié ma résolution. Plus jamais je touche un verre d’alcool. Non quand même, ma chère, je parle pas d’une bouteille, d’un gobelet, d’une flûte, d’une coupe de temps en temps, mais un verre, terminé ! Foie de Karina-Iris ! Ah non, pas de place pour l’orthographe ce matin, l’année sera bien assez longue pour ça. D’ailleurs, je te fais pas la bise vu qu’à côté de mon haleine, la langue du berger allemand sent la vanille, mais le (haut le) cœur y est : bonne année !
Karina-Iris (photos de Frédérique)















