Week-end en Suisse Centrale, 1er jour

Samedi 13, si t’as aperçu une sorte de cabri sautiller depuis Stöckalp jusqu’à Melchsee-Frutt, c’était moi ! Enfin un cabri, je m’entends, du moins… eh non non canard, eh non, une baleine ça n’existe pas dans les Alpes ! Ratée, ta vanne. Ça vaut aussi pour l’éléphant, le diplodocus, l’otarie enceinte et l’hippopotame. Donc je m’entendais surtout souffler dans la montée. 800 mètres d’un coup !

A mon avis, le mec qui a tracé le sentier, il est né sous le signe du bouquetin ascendant chamois, pas possible autrement. Moi qui suis plutôt marmotte descendant des canons… Comment tu voulais qu’on s’entende !

Montée continue sous les nuages puis carrément dans les nuages. Au début tu vois la station de téléphérique (tu penses bien qu’on ne l’a pas pris pour monter, noooooon, nous faut qu’on monte à pied…), puis tu te prends le crachin sur le sentier improvisé parce que le principal est sous un éboulement, et tu finis dans le brouillard. Tout juste si tu vois le bout de tes chaussures.

Mais moi, tu sais ce que j’ai vu ? Ben juste pour toi allez : des lys martagon, tout jolis avec les gouttes qui leur pendent aux pétales, ce qu’est quand même plus poétique que la goutte que j’avais au nez, le même où me montait la moutarde à force de monter et de me faire humidifier.

Puis ce fut la révélation, l’illumination, la pamoison, l’éblouissement. Là, au milieu du sentier sur lequel elle venait de déposer une… comment dire sans casser l’ambiance, une… un résidus digestif, une pâte post-coloniale, un reliquat odoriférant, un engrais à champignons, une mine glissante, bref, elle avait ch… enfin posé sa pêche là. Et elle me regardait, curieuse, adorable… Florina, c’est son nom. Léchant le sel sur nos bras transpirants, nous faisant les yeux doux, qu’un peu plus elle m’aurait léché l’objectif et là t’aurais été marron pour le reste des photos. Une de ces représentantes du genre bovin comme on les adore.

Toute brune, l’œil attentif, l’air indifférent, le pis gonflé comme ma vessie après trois 1664. Florina, quel joli nom elle portait sur une étiquette derrière l’oreille.

Puis tout à coup, ça s’arrête de monter. Premier réflexe, tu te méfies, tu te dis que c’est une feinte dans le brouillard, que ça va encore monter mais non, tu aperçois un truc étrange qui flotte : un bateau. Qui dit bateau dit lac, qui dit lac dit sentier plat. Le Melchsee ! Que j’étais contente de le voir, celui-là ! Des trucs émergeaient du brouillard, des silhouettes, une chapelle, La Frutt Kapelle, et puis à l’odeur, on a trouvé le restaurant et notre gîte pour la nuit. Bière suisse, vin suisse, brocolis suisses, bœuf suisse, manquaient que les petits suisses au dessert. Je te parle des petits fromages bien entendu, faut tout préciser, ici…

Bon, paraît que dans le coin il y a un lac avec des montagnes autour, pour le moment, c’est tout blanc de brouillard. C’était bien la peine de monter à 1891 mètres d’altitude… Oui j’ai compris, je vais me coucher ; il est même pas neuf heures mais je suis éteinte. Et tu sais la meilleure ? J’ai rêvé en francs suisses !

Karina-Iris

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