Allez mon canard, fais-moi rêver, emmène-moi au bout de la Terre, au pays des merveilles (j’aime Charles), ne pars pas sans moi, laisse-moi te suivre (j’aime Céline), faire une virée à deux, tous les deux sur les chemins (j’ai pas oublié Lilicub), … Tu proposes ? Sainte-Marie-aux-Mines ? Ouais, pas spontanément ce qui m’aurait traversé l’esprit mais allons-y… 9000 habitants en 1930, 5000 un siècle plus tard, pourtant il y a la belle histoire des mines d’argent, du tissu, tout un patrimoine.
Remarque aujourd’hui, ciel gris, pluie, ça manquait de couleurs au départ. Ça me donnait pas envie. Puis attend, tu sais ce qu’elle nous a pondu l’autre animatrice ? Vingt kilomètres à pied, et près de mille mètres de dénivelé ! Ça commençait tout doux et d’un coup d’un seul, pan, comme un suppo qui te prend par surprise, la montée directe jusqu’aux Brézouard sans escale !
Oui ils sont deux et comme c’est un nom propre, on met pas de « s » (sinon on dirait les Karinas-Iriss). T’as le Petit Brézouard d’où tu vois le Grand Brézouard et t’as le Grand Brézouard d’où tu vois rien du tout vu que ça fait longtemps qu’il a pas vu un bûcheron celui-là (moi non plus d’ailleurs, – soupir -). Donc là-haut à 1200 mètres, à moitié dans les nuages, tu montes un Brézouard, tu le descends, tu montes un autre Brézouard, tu le descends, tu contournes un Brézouard, bref, Brézouard par ci, Brézouard par là, j’en avais plein la bouilloire et je pouvais plus les voir !
Et c’est là, au col entre les deux Brézouard, alors que guillerette, fière de mon ascension victorieuse, suante, ahanante, allez je le dis : conquérante, c’est là que je le vis. « Le vis » du verbe voir, pas vivre, quoi que j’ai vécu un chouette moment. En même temps que le soleil chassait les nuages, il m’apparut tel un rayon de lumière, vêtu tel un dieu ou un berger. C’était un moment magique comme parfois la randonnée en offre, la rencontre avec ce jeune photographe parti des Pays-Bas pour parcourir le GR5 jusqu’à Nice, et passant sa journée ici. Tu vois, moi qui galère avec le numérique, que c’est trop clair, ou trop sombre, moi qui me mène la guerre des pixels, ben lui il photographie dans la paix d’un appareil argentique. Eh oui, on avait oublié que ça existe toujours ! De toute façon là, je savais plus sur quel bouton appuyer !
Nous fîmes connaissance, groupe heureux et marcheur solitaire, nous nous prîmes en photos, nous discutâmes et il nous joua un air de flûte (mais si, mais si, enchantée même, magique, le berger et sa flûte). Nous nous saluâmes et c’est enrichis de cette belle rencontre que nous grimpîmes le Grand Brézouard. Si, si nous le grimpîmes. Ça te plaît pas ? Ben moi je le grimpis, voilà ! Bon OK alors nous le gravîmes. C’est mieux comme ça ? Légère, presqu’aérienne, sur mon petit nuage (ce qui changeait de la brume du matin), fôlatrant entre les sapins, je redescendis de ma montagne où nous avions laissé ce sympathique bonhomme. Ah ben fallait venir, tu l’aurais rencontré aussi. Bon j’suis pas comme ça, tu peux le retrouver sur son site puisque c’est bien de lui qu’il s’agit : Sofian Boussaid
Karina-Iris












































