Hohrodberg et le Linge

C’est bien connu, le linge sèche souvent sur une ligne, parfois même sur la Ligne Siegfried. Curieusement, linge et ligne sont deux mots comprenant les mêmes lettres, et à la campagne on fait souvent sécher son linge dehors sur un séchoir sur l’herbe ou le gazon. Oh je vous entends déjà : justement qu’est-ce qu’elle a fumé comme herbe encore ? D’abord je fume pas, ou alors des pieds quand j’enlève mes chaussures de rando, et ensuite je m’explique, parce que je suis dans un bon jour, hein, sinon je m’arrêterais là.

En prélavage, nous nous retrouvâmes à Hohrodberg à seize. Ou à seize à Hohrodberg, OK, mais si on pinaille, là, on n’y arrivera pas ! Le nom du lieu vient d’un lointain passé et se compose de Hoch et Roden, donc « haut défrichement » devenu Hoenrod. Clair, en Français ça le fait pas. Puis on a construit plus haut le village de Hohrodberg. Ça nous va bien parce qu’il restait moins à grimper à pied.

En lavage, nous voilà à la Croix de Wihr pour imaginer qu’ici, en août 14 (oui, 1914, pinailleur), une embuscade française a fini en centaines de morts dans cette guerre qui commençait. Et qui dura quatre ans en passant en 1915 par le Linge. Alors celui-là, il nous vient à priori du Celtique car il s’appelait « Gazon du Leinge » puis est devenu le Liengerkopf en Allemand et enfin le Linge en Français.

En rinçage, le cimetière du Baerenstall nous rappelait qu’ici voici un peu plus d’un siècle, c’était l’enfer quelle que soit la couleur de l’uniforme, et le Linge illustrait le combat bérets contre casques à pointe, et des milliers de vies arrêtées en plein élan. C’est toujours un étrange sentiment de se balader dans cette paisible forêt égayée de gazouillements, baignée d’un printemps agréable, mais peuplée de fantômes de toutes nationalités et religions qui ne veulent pas être oubliés. Puis cette épave d’un avion allié écrasé ici en 1945 nous rappelait qu’il y a eu une saison 2, en espérant qu’elle serait assez mauvaise pour qu’il n’y en ait pas une troisième… (c’était mon envolée lyrique du jour).

En essorage on vous pr… pardon, nous vous proposons nos t-shirts justement un rien trempés, et nous-même juste un peu essorés et ne pensant qu’à prendre notre pot de fin de randonnée sur la terrasse de l’Hôtel Panorama.

En séchage, certains ont troqué leur ligne contre un sèche-linge, d’autres construisent un étendoir dans leur salon pour sécher leurs affaires de randonnée, mais tous savent que toute cette Histoire n’a pas toujours été très propre… Tournons-nous vers l’avenir et espérons que nous trouverons la bonne lessive qui lave plus pacifique que pacifique !

Karina-Iris

(merci à Anne-Marie pour les photos complémentaires)

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