Les Deux-Rives à deux-roues

« I want to ride my bicycle, I want to ride my bike… » qu’il chantait, le Freddie en parlant de celle que l’on surnomme la petite reine, mais j’espère qu’à vélo, il avait moins mal au… enfin au contact de la selle, que moi ! Assise ou en danseuse, j’ai développé des techniques pour atténuer le choc mais là vous voyez, j’écris debout ! Y’en a même qui ont osé dire que voilà la grosse princesse sur la petite reine, ce dimanche. Quelle élégance ! Mais en-dehors de ces considérations anatomiques, cette virée à vélo a permis de mêler de manière sympathique l’Histoire de la ville et la nature, qui alternent à Strasbourg de part et d’autre du Rhin.

Me voilà déesse de la pédale printanière et grande prêtresse du dérailleur, à découvrir le poste d’aiguillage construit en 1906 et qui sert aujourd’hui de station de train au Krimmeri… Exotique comme nom ? Du tout, c’est de l’Alsacien et ça signifie Rhin Tordu, appelé ici Rhin Tortu, ancien bras du fleuve vagabond. Lequel bras entoure le Parc Schulmeister créé voici deux-cents ans, du nom d’un espion de Napoléon, ouh que c’est excitant toute cette histoire ! Reprends-toi ma grande, il est temps de visiter le Stockfeld, cité-jardin du début du 20ème siècle posée ici d’après le modèle inventé par les Anglais. Les familles y avaient leur potager.

Et puis place à la nature avec la forêt du Neuhof, réserve naturelle nationale dans laquelle ça gazouille, ça cancane, ça cacarde, ça claquette, ça grogne, ça rée, ça coasse et ça croasse. Ça glousse aussi au hasard d’une blague racontée à vélo. Et c’est également l’ombre qu’on apprécie !

L’une des grosses montées de la journée, c’était le Pont Pfimlin, pour rejoindre la rive allemande. On serait passés avant 2002, on était bons pour traverser à la nage vu que le pont n’existait pas encore. Puis il ne nous restait qu’à remonter le long du Vieux-Rhin. Les bateaux utilisant ici le Canal d’Alsace, ce sont là aussi les oiseaux qui ont investi le fleuve jusqu’au nord de l’île du Rohrschollen. Après, ils font moins les malins vu que le Rhin y redevient navigable. C’est plus le bon endroit pour construire un nid. Puis une série d’arches annonçait l’étape suivante, la pause glaces. En effet, le retour vers la ville se signale par une vue sur les ponts reliant Strasbourg à Kehl. La passerelle des Deux-Rives, dite Mimram, et le pont ferroviaire permettent d’aller en Allemagne, le pont routier et le pont Beatus Rhenanus permettent d’aller en France. Bon d’accord, l’inverse est vrai aussi. Après dégustation d’une glace au centre de Kehl, nous étions revigorés pour la dernière montée du jour, sur la passerelle des Deux-Rives, pour une photo sur la frontière en plein sur le Rhin, avant de rentrer par le quartier du Port du Rhin. Le char Zimmer y témoigne de la Libération de Strasbourg le 23 novembre 1944. Appelé Cherbourg, le char est touché par un lance-grenades et son pilote, Albert Zimmer, est tué héroïquement, mais la Division Leclerc va libérer la ville et ainsi respecter le Serment de Koufra.

Depuis le début du 21ème siècle et surtout depuis le sommet de l’Otan de 2009, le quartier est en pleine transformation, entre réhabilitation de la Coop créée ici en 1902, construction d’immeubles modernes et de la clinique Rhéna, construction du pont Beatus Rhenanus (j’y suis pour rien dans son nom, promis !) permettant au tramway de s’élancer vers Kehl. Mais nous on a continué à vélo bien sûr jusqu’à la Place de l’Etoile voire la gare. « I want to ride my bicycle, I want to ride it where I like… » Dis Freddie, pourquoi en 1978 tu as mis en face B du 45 tours la chanson « Fat bottomed girls » ? J’aurais pu très mal le prendre, Freddie, très mal ! Mais je t’aime bien Freddie, moi your fat princess on the little… Queen !

Karina-Iris

(merci à Armand, Fabrice et Martin pour les photos complémentaires, et à Queen pour la musique !)

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